Stadio Dei Marmi

(Edoardo)

Il y a des séances de sport que l'on n'oublie pas.

Il y a des séances de sport que l'on n'oublie pas. Les raisons peuvent être variées : la réussite d’un exercice qui nous résistait jusque là, une intensité telle qu’on termine au bord du malaise, une malheureuse blessure ou bien des conditions d’entraînement idéales.


Il y a quelques semaines, assis dans les gradins juste après une compétition d’athlétisme, je discutais d’un voyage prévu à Rome avec mes co-équipiers. L’un d’entre eux, Ahmed, m’a dit : « Il faut absolument que tu ailles t’entraîner au Stadio dei Marmi, il est magnifique ». Ça nous a tous fait rire, parce qu’il s’est vraiment appliqué à le dire avec un accent italien. Néanmoins j’ai tout de même regardé quelques photos du stade sur mon téléphone, par curiosité, et j’ai tout de suite compris pourquoi il me l’avait recommandé avec autant de conviction. Je lui ai assuré que j’irai.

Stadio Dei Marmi

Quatre jours plus tard, j’étais dans un bus en banlieue de Rome en direction de ce fameux Stadio Dei Marmi. En Europe, tous les métros se ressemblent : grandes stations, wagons éclairés à la lumière blanche, et promiscuité en heures de pointe. Les bus diffèrent un peu plus selon les pays : style de conduite du chauffeur, proportion de fraudeurs ou encore leur capacité à passer à l’heure, après l’heure, ou pas du tout.


Le bus m’a déposé à l’arrêt De Bosis, au bord du Tibre. Apparemment, Lauro De Bosis était un poète et un aviateur. Il est mort dans un accident d’avion après avoir largué des tracts anti-fascistes au dessus de Rome, alors assiégée par Mussolini : j’imagine qu’il mérite au moins d’avoir son nom sur un arrêt de bus. Je me suis ensuite dirigé vers le stade, en demandant des indications sur ma route aux passants. L’avantage en Italie c’est que si vous ne comprenez pas ce que les gens disent, vous pouvez toujours lire les sous-titres sur leurs mains.

En continuant de marcher j’ai aperçu au loin une, puis deux, puis trois statues. C’est à ce moment là que j’ai su que j’étais arrivé. J’ai ensuite découvert les cinquante-sept autres figures qui entouraient la piste et semblaient veiller sur les athlètes qui s’y entrainaient. Elles étaient éclairées par un soleil splendide, qui réchauffait le creux de l’automne.


J’ai passé un long moment à me balader dans le stade en observant toutes ces athlètes lancer,  sauter, courir, s’étirer. Ils n’avaient pas l’air de s’ébahir comme moi du cadre dans lequel ils avaient la chance de le faire. Je me suis demandé si c’était eux qui s’étaient accoutumés à l’extraordinaire, ou si j’étais simplement victime de la théorie de l’herbe et du voisin.


Après ma séance d’athlétisme, je suis allé chercher une réponse à cette question. C’est comme ça que j’ai rencontré Edoardo, un athlète italo-américain. Pendant qu’il s’échauffait, nous avons discuté de sa carrière d’ex-sprinteur professionnel et de ce qu’impliquait le fait d’être un sportif de haut niveau en Italie.


Il est ensuite parti s'entraîner. Quelques minutes après, je me suis rendu compte que j’avais oublié de lui parler du stade. Peu importe, j’avais trouvé moi même la réponse à ma question : au mois de novembre, l’herbe est clairement plus verte chez le voisin italien. Surtout celle du Stadio Dei Marmi...

A sport session I'll remember

Toutes les histoires

Let's shake hands